Adaptation en français d’un entretien accordé par Gunnar Kaiser, auteur du roman Dans la peau disponible en France, au sujet de son livre Der Kult, considéré en Allemagne comme une lecture incontournable pour tous ceux qui subissent avec effroi la fin de la liberté d’expression et l’allégresse de ceux qui accueillent avec bonheur le contrôle absolu de l’État.
Quand le monde change, s’activent des mécanismes de protection. L’humain ne supporte ni l’ambiguïté ni l’insécurité.
Deux comportements s’imposent…
Les uns tentent de gagner de l’assurance en essayant de comprendre ce qui se passe. Ils font des recherches, s’informent, lisent, échangent avec leurs semblables.
Les autres se laissent réconforter par d’autres et leur font confiance pour leur indiquer la conduite à tenir et ce qui doit être pensé.
L’attitude de cette seconde catégorie de personnes ne poserait pas de problème si leur décision restait strictement personnelle sans conséquence sur l’intérêt général.
Or, cette catégorie fait pression sur l’autre en ne lui proposant aucune alternative. Aucun ghetto ne peut accueillir les réfractaires et aucune sortie de secours ne se présente à eux.
C’est une attitude autoritaire promouvant l’homogénéité de la pensée, un comble dans une démocratie reposant sur l’idée que chacun puisse vivre paisiblement quelles que soient ses opinions.
Ces personnes agissant en despotes n’ont pas seulement dévoyé la notion de démocratie ; elles imposent également une nouvelle définition de la liberté.
Selon elles, la liberté, aujourd’hui, c’est d’aller au restaurant ou au cinéma.
En réalité, il s’agit plutôt de distractions pour lesquelles l’industrie du loisir a d’ailleurs aisément trouvé des ersatz comme la livraison de repas à domicile ou la vidéo à la demande.
La liberté, c’est autre chose. En premier lieu, c’est avoir la possibilité de dire oui ou non.
Pourquoi l’homme accepte-t-il toujours de se faire confisquer sa liberté ?
Chacun de nous a un devoir de résistance. Capituler devant des décisions autoritaires simplement pour aller au cinéma ou sur des terrasses de café, ce n’est pas sérieux.
Dès lors, se faire vacciner est un acte immoral. Certes, on ne fait de mal à personne, mais on accepte de se faire rouler dans la farine, de se laisser mener par le bout du nez et surtout, on ne se dresse pas contre ce nouveau totalitarisme, pire on se plie à ses exigences, le conforte, l’encourage.
On peut comprendre les personnes à risque qui avaient peur d’attraper le virus ou les mères isolées qui étaient obligées de se vacciner pour ne pas perdre leur travail. Mais les autres, qui se sont abîmés là-dedans ont, par leur obéissance, aggravé la situation et compliqué la tâche de ceux qui bataillent pour vivre dans un pays libre et démocratique.
Certes, certains d’entre eux commencent à se poser des questions, mais c’est trop tard.
Les dommages collatéraux résultant de leur soumission sont déjà présents comme l’atteste la multiplication par trois du suicide des jeunes.
Même à long terme, il y a peu de chances que ce réveil tardif de quelques-uns n’apporte quoi que ce soit de bénéfique. En effet, le narratif selon lequel il faut faire un trait sur sa liberté n’est pas nouveau (danger de la criminalité, du terrorisme…).
Quant aux scandales et ex-théories du complot qui sont devenus réalités, ils ne provoqueront qu’une indignation mesurée.
Par exemple, l’augmentation du suicide des jeunes est connue depuis un bon moment maintenant et n’a pourtant jamais ennuyé les personnes qui se présentent pourtant comme solidaires et empathiques.
De toute façon, dormez tranquille, c’est la pandémie qui est responsable et pas les mesures sanitaires cautionnées par la population.
Il y a certes une défiance vis-à-vis de ceux d’en haut, mais on n’en tire aucun enseignement.
En effet, personne ne s’élève dans l’opinion publique pour proposer une nouvelle organisation des médias ou mettre en avant de nouvelles valeurs.
Ce n’est pas un complot, c’est un culte
Un tel déni n’est pas une réaction intellectuelle honnête et elle n’est rendue possible que par l’identification à un groupe, habilement proposée par le culte…
Dans toute secte ou religion, il est nécessaire de démontrer son allégeance par des signes extérieurs.
Par exemple, porter un masque permet de s’identifier à un groupe : je porte un masque, car je fais partie des gens qui ont tout compris.
C’est ce qui explique pourquoi les gens portent des masques dans la forêt ou seuls dans leur voiture… Ce n’est pas parce qu’ils ont peur.
On peut ainsi continuer cette analogie : le gel hydroalcoolique pour l’eau bénite, la vaccination pour le baptême…
Et comme dans toute secte, les avis divergeant sont réfutés, voire carrément supprimés. Tout ce qui pourrait remettre en question cette identité doit être annihilé. Pour préserver la pensée dominante, il est aussi possible de refouler ou tourner en ridicule les avis contraires ; les autres ne sont que des contestataires, perturbateurs et autres séditieux.
En clamant haut et fort leur confiance envers la science, les hommes politiques, les médias, le progrès, ces personnes se sont forgé une identité à laquelle elles se sont profondément identifiées. Et il n’est pas facile de renier son adhésion au groupe et de la rejeter du jour au lendemain. Comme dans une secte.
Seule différence : ce culte n’a aucune spiritualité.
Source : “Es ist ein Kult!” – Im RUBIKON-Gespräch mit Jens Lehrich – entretien avec Gunnar Kaiser au sujet de son livre Der Kult : https://www.youtube.com/watch?v=NiP2bLH1g1M
Survivant d’une épidémie qui a transformé une partie de l’humanité en zombies.