Je ne te connais pas, et tu ne me connais pas. De toute façon, cela n’a pas d’importance.
Mais ce qui est certain, c’est que tu as cliqué sur le lien qui mène à cet article parce que tu t’es reconnu dans la question que pose son titre.
Tu ressens une hésitation, une perplexité, voire une défiance et tu ne peux t’empêcher de te demander : Mais qu’est-ce qui cloche chez moi ?
Cette histoire de masques qu’il faut porter à l’école et au travail tout en se tenant éloignés les uns des autres alors qu’en même temps, chaque week-end, les stades sont remplis de gens qui hurlent en dansant sans masque… Tu n’arrives pas à comprendre… Tu te demandes où est la logique ?
Peut-être as-tu le sentiment qu’on se moque de nous… Tu te dis que les autres doivent bien s’en rendre compte aussi… Pourtant, personne ne dit rien.
Il est possible que tu entendes au fond de toi une petite voix qui te dit : « Ne prends pas part à tout ça. »
Le problème, c’est que ce genre d’attitude risque fort de te causer des problèmes à l’avenir parce que les autres, eux, coopèrent.
En règle général, c’est à ce moment-là que les proches font leur apparition. Ils disent : « Arrête de tergiverser, ce n’est qu’une petite piqûre, tout le monde le fait. »
Les gens qui te conseillent ne sont pas méchants ou malveillants. Ce sont tes amis, tes profs, tes collègues, les membres de ta famille. Certains s’y connaissent même plus que toi. Ces personnes souhaitent simplement que tout rentre dans l’ordre et revienne à la normale, que tout le monde soit libre et en bonne santé.
À ce moment-là, la culpabilité t’assaille sans doute aussi… Parce que tu te poses ces questions et que tu as ces doutes, tu te dresses contre tes parents qui te trouvent inflexible, intransigeant, austère. Tu as peur de devenir un marginal parmi tes amis, tes professeurs et tes collègues qui te trouvent déjà bizarre, puisque eux ne font pas toute une histoire d’une simple aiguille plantée dans le gras du bras.
Finalement, est-ce que tu ne ferais pas mieux de te vacciner ? Quelle importance en fin de compte ? Et tu pourras de nouveau faire du sport, aller aux concerts, rencontrer tes amis au bistro… Quelles seraient les conséquences ?
À ce moment-là, peut-être que tu entends à nouveau cette petite voix qui te dit : certes, mais, en fin de compte, c’est quand même une sorte de chantage…
Et puis, si je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose mais que je le fais quand même, simplement parce que je veux être admis dans un groupe, est-ce que ce n’est pas trahir ce qui me semble important, ce en quoi je crois, moi-même ?
Peut-être que tu te dis alors : « Merde, pourquoi suis-je le seul à raisonner ainsi ? Pourquoi ne puis-je tout simplement pas faire abstraction de ce sentiment que je ressens au fond de moi et être tout simplement heureux comme tous les autres, comme si de rien n’était ? Pourquoi je n’y arrive pas ? »
« Qu’est-ce qui cloche chez moi ? »
Les questions sans réponse sont nombreuses, mais pour celle-ci, il y a en a une :
Rien. Rien ne cloche chez toi.
Tu vas bien. Tu es bien comme tu es. Et ce n’est pas un problème de poser des questions.
Tes doutes, tes inquiétudes, tes sentiments sont estimables parce qu’ils se nourrissent de ta pensée et de tes réflexions propres, elles-mêmes issues de tes expériences.
La plupart des gens n’ont pas cette voix intérieure. Peut-être qu’ils ne se sont jamais rendu compte de son existence, peut-être qu’ils n’en ont pas besoin, peut-être qu’ils en ont peur.
Pour eux, c’est plus simple : pas de sentiments individuels, pas de conscience personnelle. Étouffer tout ça et se ranger derrière l’avis d’autres, c’est super confortable.
Mais pour toi, c’est trop tard, tu as raté le train, cette voie n’est plus une option envisageable. Tu ne t’en sortiras pas en prenant le chemin de la facilité. Aujourd’hui et toute ta vie tu devras te présenter devant tes doutes et te demander : qu’est-ce que je veux ?
Pour toi, la question n’est pas de savoir si tu dois te laisser vacciner ou pas, ou si c’est bon pour la santé ou dangereux, ou si c’est un acte solidaire ou égoïste, ou encore s’il s’agit de l’unique chance de nous sauver.
Ce n’est pas le sujet qui te concerne.
La question qui t’est posée est de savoir si tu vas accepter de devenir une personne qui accepte d’être quelqu’un d’autre, quelqu’un qui consent à tout ce qu’on lui demande simplement parce que tout le monde le fait.
Ou alors, est-ce que tu vas être celui que tu es vraiment, écouter cette voix intérieure qui, elle seule, sait ce qui est bien et ce qui est mauvais pour toi.
Est-ce que tu vas apprendre à faire confiance à cette voix intérieure et l’écouter quand elle te dit de t’opposer à tout ce vacarme incessant qui t’enjoint à te soumettre ou à faire ton devoir en remontant les manches pour une simple petite piqûre de rien du tout dans le bras…
Cela ne veut pas dire non plus que tu ne pourras jamais changer d’avis. Cela signifie simplement que tu évolues et que tu fais confiance à cette évolution, que tu l’acceptes et que tu ne la muselles pas comme si elle n’était pas naturelle. Que l’on grandit, que l’on change, que l’on progresse avec le temps.
Libre, mais fidèle adaptation de la vidéo « Was stimmt denn nicht mit dir? » de Gunnar Kaiser
Illustration : Dans The Last man on earth (1964), Vincent Price est le seul survivant d’une épidémie qui a transformé le reste de l’humanité en vampires.
Survivant d’une épidémie qui a transformé une partie de l’humanité en zombies.